Delphes est un tout petit village de Phocide, situé à 550 m d'altitude et essentiellement composé de restaurants, d'hôtels et de magasins de souvenirs. Les habitants permanents ne sont pas plus de 1500. Ce village accueille pourtant chaque année plusieurs centaines de milliers de visiteurs venant découvrir ou redécouvrir son fabuleux site archéologique. Mais en cette mi-novembre les rues étaient vides et les souvenirs sous clé!
Par contre le site et le musée étaient eux bien ouverts. Notre visite commença par le musée fondé en 1903 et plusieurs fois réaménagé. Je n'y étais pas allée depuis sa réorganisation et sa réouverture pour les J.O. de 2004.
Je l'ai trouvé effectivement beaucoup plus "aéré", mettant bien en valeur ses plus belles pièces. Toutes présentées également en français, ce qui est loin d'être le cas dans tous les musées grecs. Peut-être le devons-nous au fait que l'Ecole française d'Athènes lança le chantier des fouilles de Delphes à la fin du XIXe siècle?
Le contenu des 14 salles est répertorié chez notre "ami" Wikipédia et je ne le reprendrai pas ici.
Mais voici quelques photos personnelles, même si elles ne sont pas de très bonne qualité, l'usage du flash étant interdit. Les salles sont d'ailleurs baignées de lumière naturelle, mais notre visite ayant lieu en fin d'après-midi, la nuit tombait déjà...
Le Sphinx ailé des Naxiens, datant de l'époque archaïque, mesure 2,40 m. C'était une offrande à Apollon des habitants de l'île de Naxos et sur le site il se trouvait au sommet d'une colonne de 10 m.
Les "kouroi" ("jeunes hommes"), Cléobis et Biton, sont des statues funéraires.
"D'après
Hérodote, Cléobis et Biton jouissaient d’une vigueur physique qui leur
avait valu plusieurs prix et l’on racontait d’eux cette histoire : lors de la
fête d’Héra, dont leur mère était prêtresse, comme les bœufs tardaient à
revenir des champs et que l’heure passait, les deux jeunes gens s’attelèrent au
char de leur mère pour la conduire jusqu’au sanctuaire de la déesse, distant de
huit kilomètres environ. Ce geste fut unanimement loué, et la prêtresse pria
Héra d’accorder à ses fils la plus belle récompense qui soit. Et la récompense
fut que les deux jeunes gens s’endormirent bienheureux et ne se réveillèrent
jamais."
Sous la voie sacrée du site de Delphes fut trouvé ce taureau composé de plaques d'argent, sur une armature en bronze. Dans cette "réserve" étaient regroupés au Ve siècle av. J.-C. des ex-voto abîmés. Celui-ci a pu être partiellement reconstitué.
Partiellement reconstitué également le fronton du temple d'Apollon qui occupe le mur entier d'une salle.
Dans la salle 11 du musée sont entre autres exposés le fameux "omphalos" dont je vous ai parlé dans mon billet précédent mais aussi une sculpture intitulée "les Danseuses de Delphes", qui inspira à Debussy le premier de ses préludes.
Il faut attenre la dernière salle pour voir enfin la "star" du lieu, le fameux aurige en bronze.
Cette statue est un des rares exemplaires de statues en bronze qui nous soient parvenues de l'époque classique. Elle faisait partie d'un ensemble plus important qui comprenait le char, les chevaux et un serviteur. Il avait été offert à Apollon pour le remercier d'une victoire aux Jeux Olympiques. Mais seul le conducteur fut retrouvé, protégé du passage des siècles par un éboulement après à un tremblement de terre.
A côté de ces pièces majeures, le musée présente toute une collection de statues, de fragments de colonnes, de frontons, de petits objets, tous trouvés sur le site du sanctuaire.
Le lendemain matin c'est un ciel tout bleu qui nous attendait pour rendre notre visite du site de Delphes encore plus belle. Voici comment il se présentait dans l'antiquité et l'on se dit qu'il en reste malheureusement peu de choses. Mais ce qui reste est peut-être l'essentiel, c'est l'âme magique du lieu.
Le lieu choisi pour bâtir un sanctuaire d'abord dédié à la Terre mère (Gé) puis à Apollon est en effet très bien choisi. Il est accroché au versant inférieur sud du mont Parnasse et s'élève doucement contre lui de l'entrée jusqu'au stade.
Mais l'homme est rappelé à sa condition de simple mortel par les deux rochers qui s'élèvent en surplomb, les Phédriades.
Suivant à notre tour la Voie sacrée, nous grimpons vers le temple d'Apollon.
Nous longeons les bases impressionnantes de monuments disparus.
Au détour d'un virage, on découvre le trésor des Athéniens. Il nous montre ce que pouvaient être ces ex-voto répartis dans tout le sanctuaire. Les "trésors" sont en fait de petites constructions contenant des objets précieux, le tout formant une offrande au dieu. L'érection d'un trésor est aussi pour chaque cité le moyen de montrer sa richesse et sa puissance aux autres cités du monde hellénique avec lesquelles elles n'ont en commun que la langue, la religion et des alliances politiques de circonstance...
Puis, à mi pente, c'est l'arrivée au temple d'Apollon.
Erigé au IVe siècle av. J.-C., le temple "actuel" est le troisième construit au même emplacement, après destruction des deux premiers. C'était un temple dorique périptère avec 6 colonnes en façade et 15 sur les côtés. La pythie rendait les oracles d'Apollon dans le naos du temple, la partie cachée aux yeux des fidèles.
C'est le moment d'avouer que je n'ai pas grimpé plus haut, ayant visité Delphes à maintes reprises. Alors voici deux photos trouvées sur Internet pour vous inviter à être plus courageux que moi quand vous visiterez le sanctuaire. Le théâtre en vaut la peine, le stade peut-être un peu moins.
Nous avons repris la route d'Athènes en passant par Livadia et Thèbes.
Livadia est une ville de 22 000 habitants et c'est la préfecture de la région de Béotie. On y trouve notamment des usines de transformation du coton de la plaine voisine et des industries textiles.
Livadia occupe une position stratégique sur la route entre l'Attique et la Grèce centrale et connut un passé assez agité. Un château médiéval construit par les Catalans en témoigne, lui qui changea plusieurs fois de mains.
La ville moderne n'a pas de charme particulier, à l'exception d'un quartier à l'atmosphère magique, précisément situé au pied du château. C'est le quartier calme et reposant de "Ta Kria".
Là coule la rivière Erkyna en multiples cascades, sous d'adorables petits ponts.
Erkyna était une nymphe, une divinité mineure de la nature et de la végétation. Elle "vit" toujours dans sa rivière!
Une falaise surplombe le château et la rivière. On y devine une petite chapelle. Heureusement il existe le zoom pour mieux la distinguer. Ceux qui l'ont construite ont été bien courageux de transporter les matériaux tout là-haut!