Nous sommes repartis de Skala Kaloni le matin du troisième jour, après un bon petit déjeuner partagé avec une petite minette.
Direction plein Est aujourd'hui! Une cinquantaine de kilomètres seulement jusqu'à Sigri, mais plus d'une heure de route car elle est comme presque partout à Lesbos en lacets.
Nous quittons notre hôtel au cadre verdoyant et les forêts d'oliviers de l'ouest de l'île pour un paysage complètement différent.
Il n'y a plus rien que les roches volcaniques et le bleu foncé de la mer Egée. Un type de paysage que j'affectionne particulièrement.
Et voici Sigri et son château fort en bord de mer.
Et voici Sigri et son château fort en bord de mer.
Nous sommes dans la région protégée du Parc de la Forêt pétrifiée. Il s'agit d'arbres, pour beaucoup des séquoias, recouverts par la cendre d'une éruption volcanique il y a plus de 20 millions d'années. Cette cendre pouvait avoir plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Dissoute par l'eau au fil du temps, elle va pénétrer avec d'autres sédiments et composants minéraux à l'intérieur des troncs. Debouts ou couchés, ces arbres sont devenus pierre!
Bien sûr ils sont dispersés sur un immense espace et il ne faut pas imaginer une forêt au sens classique du terme, avec des arbres serrés les uns contre les autres. Tous n'ont pas été victimes du phénomène de pétrification et ont disparu.
Le Musée d'Histoire Naturelle de Sigri, créé en 1994, permet de voir un certain nombre de ces arbres pétrifiés ainsi que d'autres fossiles découverts dans la région.
Certains de ces arbres pétrifiés ont conservé l'apparence du bois, d'autres ont pris la couleur des sédiments.
Derrière le musée, un petit chemin mène à cette pieuvre géante, un tronc et ses racines laissés en place!
Après l'émotion éprouvée devant tant de merveilles et légèrement déshydratés car la climatisation du musée était en panne, nous avons pris le chemin d'Eressos.
Eressos est une cité qui aurait été habitée par les Pélasges au XIe siècle avant notre ère, puis conquise par les Ioniens et les Doriens.
Elle est connue pour être la ville natale en -372 du philosophe Théophraste, un disciple d'Aristote et celle de la poétesse lyrique Sappho, en -650 environ.
De Sappho, on sait finalement assez peu de choses avec certitude car la plus grande partie de son oeuvre littéraire fut perdue. Mais une ode ardente dédiée à une amie et sa vie entourée de jeunes femmes ont laissé présupposer de son homosexualité. Vivant à Lesbos, on la caricatura en les siècles suivants sous le patronyme de la "Lesbienne".
Elle allait ainsi faire la fortune de ce petit village d'Eresos devenu un haut lieu du tourisme lesbien.
Un petit village très classique, avec ses petites rues, ses boutiques, son immense plage et ses tavernes.
Quant à Sappho, elle aimerait sans doute que les marchands du temple se servent un peu moins de son image.
Les statues de Théophraste et de Sappho vous accueillent sur la petite place de Skala Eressos, installées pratiquement côte à côte.
L'après-midi avançait et nous devions regagner Mytilène à l'autre extrémité de l'île. Nous l'avons fait par le chemin des écoliers en prenant le temps de nous arrêter pour photographier des lieux où ne poussaient que ... des pierres.
Au nord est de l'île, une dernière halte au village de Madamados.
Réputé pour ses poteries, ce village est aussi un lieu de pèlerinage dans l'ancien monstère du Taxiarque (archange) saint Michel, saint patron de Lesbos.
Il ne nous restait plus qu'à regagner Mytilène en longeant la côte est, bien conscients que nous n'avions fait qu'une découverte très partielle de tous les magnifiques endroits que recèle cette île.