mercredi 28 juin 2017

En route pour Lesbos! Dernier jour



Nous sommes repartis de Skala Kaloni le matin du troisième jour, après un bon petit déjeuner partagé avec une petite minette.



Direction plein Est aujourd'hui! Une cinquantaine de kilomètres seulement jusqu'à Sigri, mais plus d'une heure de route car elle est comme presque partout à Lesbos en lacets.


Nous quittons notre hôtel au cadre verdoyant et les forêts d'oliviers de l'ouest de l'île pour un paysage complètement différent.






Il n'y a plus rien que les roches volcaniques et le bleu foncé de la mer Egée. Un type de paysage que j'affectionne particulièrement.
 Et voici Sigri et son château fort en bord de mer.


Nous sommes dans la région protégée du Parc de la Forêt pétrifiée. Il s'agit d'arbres, pour beaucoup des séquoias, recouverts par la cendre d'une éruption volcanique il y a plus de 20 millions d'années. Cette cendre pouvait avoir plusieurs centaines de mètres d'épaisseur. Dissoute par l'eau au fil du temps, elle va pénétrer avec d'autres sédiments et composants minéraux à l'intérieur des troncs. Debouts ou couchés, ces arbres sont devenus pierre!

 


Bien sûr ils sont dispersés sur un immense espace et il ne faut pas imaginer une forêt au sens classique du terme, avec des arbres serrés les uns contre les autres. Tous n'ont pas été victimes du phénomène de pétrification et ont disparu.

Le Musée d'Histoire Naturelle de Sigri, créé en 1994, permet de voir un certain nombre de ces arbres pétrifiés ainsi que d'autres  fossiles découverts dans la région.





Certains de ces arbres pétrifiés ont conservé l'apparence du bois, d'autres ont pris la couleur des sédiments.







Derrière le musée, un petit chemin mène à cette pieuvre géante, un tronc et ses racines laissés en place!


Après l'émotion éprouvée devant tant de merveilles et légèrement déshydratés car la climatisation du musée était en panne, nous avons pris le chemin d'Eressos.
Eressos est une cité qui aurait été habitée par les Pélasges au XIe siècle avant notre ère, puis conquise par les Ioniens et les Doriens. 
Elle est connue pour être la ville natale en -372 du philosophe Théophraste, un disciple d'Aristote et celle de la poétesse lyrique Sappho, en -650 environ.
De Sappho, on sait finalement assez peu de choses avec certitude car la plus grande partie de son oeuvre littéraire fut perdue. Mais une ode ardente dédiée à une amie et sa vie entourée de jeunes femmes ont laissé présupposer de son homosexualité. Vivant à Lesbos, on la caricatura en  les siècles suivants sous le patronyme de la  "Lesbienne".

Elle allait ainsi faire la fortune de ce petit village d'Eresos devenu un haut lieu du tourisme lesbien.
Un petit village très classique, avec ses petites rues, ses boutiques, son immense plage et ses tavernes.
Quant à Sappho, elle aimerait sans doute que les marchands du temple se servent un peu moins de son image.








Les statues de Théophraste et de Sappho vous accueillent sur la petite place de Skala Eressos, installées pratiquement côte à côte.



L'après-midi avançait et nous devions regagner Mytilène à l'autre extrémité de l'île. Nous l'avons fait par le chemin des écoliers en prenant le temps de nous arrêter pour photographier des lieux où ne poussaient que ... des pierres.



Au nord est de l'île,  une dernière halte au village de Madamados.


Réputé pour ses poteries, ce village est aussi un lieu de pèlerinage dans l'ancien monstère du Taxiarque (archange) saint Michel, saint patron de Lesbos.









Il ne nous restait plus qu'à regagner Mytilène en longeant la côte est, bien conscients que nous n'avions fait qu'une découverte  très partielle de tous les magnifiques endroits que recèle cette île.









samedi 24 juin 2017

Concert "Toute la Grèce pour Mikis"

J'ai eu la chance lundi d'assister à un concert mythique dans un lieu mythique. Je sais que cet adjectif est un peu facilement employé de nos jours mais je crois pourtant qu'il s'appliquait à ce que nous avons vécu.

Le Stade Panathénaïque d'Athènes, lieu du concert, n'est-il pas un lieu mythique?
Construit au IVe siècle av. J.-C., il a ensuite été rénové au second siècle de notre ère par Hérode Atticus qui a choisi de lui donner sa forme en fer à cheval, forme qui est toujours la sienne. Il a aussi choisi de remplacer les sièges de bois par des sièges en marbre blanc. Le Stade pouvait alors accueillir 70 000 spectateurs. 

Dégradé au fil des siècles, il fut entièrement restauré  pour accueillir les premiers Jeux Olympiques modernes, en 1896, et il retrouva notamment son habillage de marbre. Les Grecs appellent d'ailleurs communément ce stade le "Kallimàrmaro", "celui qui est en beau marbre".
Sa capacité actuelle est de 45 000 spectateurs et il a accueilli plusieurs épreuves des Jeux Olympiques d'Athènes en 2004.

Mais ce stade peut aussi être utilisé pour d'autres événements, des concerts notamment.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                    Photo Internet
Encore faut-il que l'artiste qui se produit au Kallimàrmaro soit en mesure de le remplir.  
Oui mais voilà, le concert de lundi était organisé en l'honneur de Mikis Théodorakis et ce compositeur déplace toujours les foules à 92 ans. 
Certes Théodorakis  fut aussi un militant et un homme politique qui joua un rôle certain dans la vie de son pays au cours de la seconde moitié du 20e siècle.  Certaines de ses oeuvres furent d'ailleurs inspirées par son combat politique.

Mais la politique est fluctuante alors que la musique et la poésie sont immortelles. C'est avant tout du  compositeur  que l'histoire retiendra le nom. De celui qui fit descendre dans la rue les textes des grands poètes contemporains grecs, Séféris, Ritsos, Elytis, en les mettant en musique et ainsi sur les lèvres de chacun.

Mikis Théodorakis fut un compositeur extrêmement prolifique et écrivit chansons, musiques de films, oratorios, musique symphonique... Il dirigea des milliers de concerts de par le monde, immense silhouette aux longs cheveux, colosse empoignant la musique à pleines mains.

Ce lundi le stade était plein pour accueillir celui que tout le monde appelle ici Mikis.



Il est arrivé en voiture au pied de l'orcheste sous les applaudissements comme le vieux et fragile monsieur qu'il est devenu.



Pour ce concert une chorale de 10 000 personnes avait été rassemblées, formée de 30 chorales venues de toutes les villes de Grèce. Il y avait également 8 solistes.




Le Président de la République, le Président du Parlement (de dos sur cette photo) étaient assis près du compositeur. Le service d'ordre était vraiment minimaliste et ce cliché  a été pris sans aucun zoom. Si cela pouvait être resté ainsi partout en Europe!





Le concert a duré plus de deux heures sous le ciel étoilé d'Athènes. Un moment de grâce.


Un grand moment d'émotion aussi lorsque Mikis Théodorakis, depuis son fauteuil, dirigea le dernier morceau. Une grande émotion pour la foule mais aussi pour lui, le lion à la crinière devenue blanche. 




Cette dernière photo sera ma participation de la semaine aux "24 Heures Photo" de chez Patricia.



Pour ceux d'entre vous qui voudraient voir quelques extraits de ce concert, voici une vidéo. Elle n'est pas excellente mais elle rend un peu de l'émotion vécue ce soir là.



Quant à moi, voilà la photo que je veux retenir.



Je l'ai trouvée sur un journal de Chios (http://www.politischios.gr/politismos/i-horodia-hioy-sti-sygklonistiki-synaylia-toy-miki-theodoraki-sto-kallimarmaro), l'île natale de Mikis Théodorakis. Vous avez aussi sur ce lien une grande partie du concert.


jeudi 22 juin 2017

En route vers Lesbos! Jour 2

La seconde journée de notre petit voyage nous a conduits du sud au nord de Lesbos. L'île n'a pas des dimensions impressionnantes, environ 70 km par 45. Mais sa structure est montagneuse et les routes très sinueuses. Sur ce territoire aux proportions modestes, nous avons parcouru plus de 500 km en 3 jours. Sans avoir tout exploré bien sûr. Juste en nous rendant dans les villages les plus réputés. La carte ci-dessous montre bien que la montagne est partout.


La couleur verte représente les territoires couverts de forêts d'oliviers, le reste de l'île étant dédié à une végétation plus proche de la garrigue. L'extrême ouest est un désert de pierres. Ce contraste des paysages est d'ailleurs l'un des charmes de Lesbos. 

En ce second jour nous irons de Plomari à Molyvos. Pas en bicyclette, mais dans notre petite Micra louée à l'aéroport. La carte est trompeuse!


Départ donc de Plomari pour Agiassos.



Au milieu des oliviers et des lauriers roses, nous faisons halte dans cette chapelle dédiée à saint Christophe. J'ai une pensée émue pour toi Cathy car elle est... ouverte!











Partout à Lesbos, de merveilleux lauriers roses bordent les routes!


Nous arrivons à Agiassos. C'est une grosse bourgade de 3000 habitants située à 500 m d'altitude, sur le flanc du Mont Olympe, la plus haute montagne de Lesbos avec ses 968 m.

                                                                                                                                                                                                                                                               Photo Internet
Le sommet culminant de l'île est facilement reconnaissable car "couronné" d'antennes!


Agiassos tirerait son nom d'une icône ramenée  par un prêtre de Jérusalem au début du IXè siècle. Il se serait installé dans le village pour y établir un ermitage. L'icône aurait porté la mention "Hagia Sion" (Sainte Sion), Sion étant le nom biblique de Jérusalem. "Hagia Sion" aurait donné son nom au village, devenant "Agiassos".

Agiassos est de nos jours un village aux rues pavées et aux maisons traditionnelles qui a beaucoup de charme. Des artisans qui travaillent le bois sculpté et la poteries assurent sa réputation et il fait bon y déambuler sous ses tonnelles.


















Le coeur du village c'est sa grande et belle église, également lieu de pèlerinage.







Laissant derrière nous Agiassos, nous prenons la route de Kalloni. Nous laissons nos bagages à l'hôtel pour aller déjeuner en bord de mer, à Skala Kallonis. Cette petite station balnéaire est renommée pour sa plage et pour ses sardines. Les sardines ne seront pas au rendez-vous. Elles sont encore trop petites en juin pour être pêchées, nous explique le restaurateur.







Le plus bel endroit de Lesbos nous attendait en fin d'après-midi, du moins à mon goût, le village de Molyvos, également appelé Mithymnia.

Le village s'étage sur toute une série de niveaux, accroché à sa falaise et dominé par son château qui aurait peut-être commencé à être érigé à l'époque byzantine mais dont l'apparence actuelle remonte à des travaux réalisés au XVe siècle.


                                                                                                                                                                                                                                                                                                  Photo Internet
Il y a le niveau de la plage et du port...









le niveau de la rue centrale avec tous ses commerces ...




En levant la tête, le spectacle des maisons accrochées à la falaise est impressionnant.  En pierre ou en bois, elles ne renient pas l'influence du style ottoman.











Tout au sommet de Molyvos nous attend son château pour un son et lumière magnifique.
La lumière est celle du soleil couchant, le son celui des musiciens de la taverne.
Déguster un petit verre dans un tel cadre est un pur moment de bonheur.













Et lorsque le soleil a disparu, le château s'illumine pour prendre le relais et prolonger un peu la magie.





Un dernier regard au château et c'est ensuite le retour vers Kalloni par des petites routes pratiquement désertes et le bonheur de retrouver son hôtel pour un sommeil bien mérité.