mercredi 8 mai 2019

L'île de Ioannina

Au 3ème jour de notre balade en Epire il pleuvait toujours par intermittence et on supportait bien une petite laine. Mais cela n'allait pas nous arrêter. Un bon petit déjeuner et nous voilà partis pour visiter l'île du lac de Ioannina. Une toute petite île (800m x 500m) mais habitée (200 h. environ) encore de nos jours et qui a pour particularité de n'avoir ...aucun nom particulier. 


Des bateaux assurent une navette chaque demi-heure de Ioannina au petit port de l'île.


Ce jour là on se croirait sur un lac écossais, pas en Grèce!



La traversée ne dure qu'une dizaine de minutes. Le temps d'apercevoir ces trois pélicans et nous allons bientôt débarquer.









L'île du lac fut habitée dès le  XIIIe siècle  et ne comptait alors que des monastères. Monastères qui continuèrent à se développer sous l'occupation ottomane tolérante avec la population grecque dans cette région. 
C'est probablement au XVIIe siècle qu'une petite colonie d'habitants en provenance de la région du Magne, dans le Péloponnèse,  se serait installée  sur l'île.
Depuis elle n'a jamais cessé d'être habitée, même si sa population décroît. Il y a même encore une école primaire.








L'île est  -avec la forteresse- le site le plus visité de Ioannina. On apprécie de déambuler dans les petites rues tranquilles, de visiter les monastères et la maison d'Ali Pacha, de s'arrêter dans une taverne pour déguster les spécialités locales, les écrevisses, les anguilles et les cuisses de grenouille.
Je ne mange pas ces bébêtes mais je me suis laissée tenter par une truite grillée dans cette taverne.



Je méritais bien cela après une longue matinée consacrée à l'histoire du lieu!

D'abord visite des monastères.











Puis visite de tous les lieux rattachés à la figure historique la plus célèbre de l'île, Ali Pacha




Ali Pacha fut gouverneur de l'Epire pour le compte de l'Empire ottoman de 1787 à 1822. 
Il ne cessa pas toutes ses années de vouloir agrandir le territoire placé sous son autorité en y annexant des territoires voisins encore indépendants. Il se heurta -entre autre- à Bonaparte pour certains d'entre eux.
Il réussit toutefois à si bien agrandir sa zone d'influence et à disposer d'une telle armée qu'à Constantinole le sultan en prit ombrage.
Mais Ali Pacha pensait être assez puissant pour résister à son souverain et devenir un souverain indépendant.
Le sultan de Constantinople envoya alors une expédition militaire à Ioannina pour mettre un terme aux prétentions de son gouverneur.
Réfugié dans sa forteresse, Ali Pacha aurait pu résister assez longtemps. Mais on lui fit croire que s'il abandonnait sa ville assiégée, il obtiendrait le pardon du sultan.
Il se réfugia alors dans la petite résidence qu'il possédait sur l'île. Mais ceux qui étaient censés lui apporter la lettre de la grâce du sultan le massacrèrent et envoyèrent sa tête à Constantinople.

Sa maison sur l'île se visite toujours et elle est devenue un musée ethnographique.









On peut admirer un superbe platane dans le jardin situé devant la maison. Il aurait 700 ans.





Se visite aussi à proximité la maison dite de Kyra Frosini où nous est racontée l'histoire tragique de cette jeune femme. 



Frosini était grecque et nièce de l'archevêque de Ioannina. Elle était mariée à un riche marchand de la ville, très souvent absent de par sa profession.
Elle devint la maîtresse de l'un des fils d'Ali Pacha, lui-même marié. L'épouse trompée alla demander à son beau-père, Ali, de venger son honneur et ce dernier fit arrêter Frosini ainsi que 17 autres femmes adultères (pour que l'on ne puisse pas dire que la condamnation de Frosini était une affaire personnelle!).
Elles furent toutes jetées dans le lac et noyées, malgré les protestations de la communauté grecque.




Ali Pacha pourtant, outre ses  femmes et maîtresses,  ne craignit pas d'épouser une grecque chrétienne, Kyra Vassiliki. Il l'épousa en 1808, l'autorisa à pratiquer sa foi et même à oeuvrer pour la restauration de monastères, comme ceux du Mont Athos.
Elle s'évada avec lui de la forteresse de Ioannina et était aux côtés d'Ali Pacha quand celui-ci fut exécuté. Envoyée comme prisonnière à Constantinople, Kyra Vassiliki  fut grâciée par le sultan et revint vivre en Grèce. Elle est considérée comme le grand amour d'Ali Pacha et de nombreux tableaux les représentent. Comme cette affiche .


Le temps s'étant un peu amélioré en fin d'après-midi, nous sommes allés faire une petite balade au bord du lac, sur la rive faisant face à Ioannina.

L'occasion de visiter un nouveau monastère, toujours en fonction celui-ci.








On dit que ce monastère fut édifié par un dignitaire musulman. En 1434, Dourahan Pacha, bey de Roumélie, passa avec son armée à cet endroit où existait déjà un petit sanctuaire. Il y alluma un cierge.
Désorientée par le brouillard, l'armée ne se rendit pas compte qu'elle traversait le lac gelé. Mais tous arrivèrent sans encombre et l'armée de Dourahani fut victorieuse. En remerciement, il fit construire ce monastère qui prit avec le temps le nom de monastère de la "Vierge de Dourahani".
Les fenêtres du monastère donnent sur le lac et sur la rive opposée où se trouve Ioannina.



Se promener au bord du lac, à proximité du monastère, est très agréable. On y voit des oiseaux, des canards, des oies et même des chevaux.




On y voit aussi les barques de ceux qui travaillent sur l'île et dont les habitations sont sur les rives du lac. C'est plus poétique que le métro pour rentrer chez soi!


Ce lac est vraiment magique et nous ne pouvons le quitter ce soir là sans une dernière balade, mais à Ioannina, sur l'immense promenade bordée de vieux platanes et de bars restaurants.


Leur nom rappelle parfois l'Italie toute proche et pour moi ... la Corse.


Enfin le lac consent à perdre de sa grisaille et à nous offrir la douceur des couleurs du soleil couchant...


16 commentaires:

  1. Quelle balade et quel dépaysement! Merci - j'aurais volontiers fait la visite!

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  2. mon dieu de mon lit tu me regales tu me donnes envie d'aller en gréce.
    merci de nous faire partager c'est magnifique tu es géneruese et cest une grande qualité de nos jours

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  3. un beau paysage, même sous la brûme ... les vieux pneus découpés ... une belle idée de récup! bises

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  4. Heureux les habitants anonymes de l'Ile sans nom !

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  5. Superbe reportage. La pluie a aussi son charme et " calme " les couleurs. Ces camaïeux de gris sont magnifiques. Comme tes photos d’ailleurs. Peut-être un peu trop nombreuses à regarder, ce qui " éparpille " l'attention. Mais cela reste un très beau travail.
    Bravo
    Amitiés.
    Roger

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  6. Ah voila une île qui me dit quelque chose ! ;)
    Et tes pélicans me font sourire, on avait 50% de chance d'en voir sur le lac de Skadar ... mais pas un seul !
    En tous cas elle est bien jolie cette petite île, fleurie, colorée, et gaie, avec du soleil ça aurait été parfait ...
    Moi j'ai mangé pour la première fois de l'anguille au Monténégro, j'ai bien aimé.
    Merci pour la visite et l'histoire d'Ali Pacha, c'était très intéressant.
    Et j'ajoute que tes photos sont très belles, particulièrement les dernières !
    ​Belle soirée, gros bisous !
    Cathy​

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  7. Πάρα πολύ ωραίες οι φωτογραφίες σου φίλη μου !!!!
    Καλά να περνάτε στα όμορφα μέρη !!!!!!

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  8. C'est extraordinairement magnifique j'ai aimé ta page pour son histoire et...ses platanes
    j'ai cette semaine sur mon autre blog (le bric à brac) des photos de platanes pris en en Crète celui de Zeus à Cortyne et le plus vieux dans le village ou a séjourné Nikos Kazantzaki...
    cette petite île semble être la porte du paradis... surtout au soleil couchant
    bisous Marie-Paule

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  9. Encore une nouvelle balade culturelle, c'est un réel plaisir de vous suivre dans vos découvertes Akilleas et toi ! Merci Marie-Paule de nous faire découvrir avec tant de détails historiques ton pays d'adoption. J'aurais bien aimé pouvoir y retourner l'été prochain, mais je n'ai trouvé personne pour m'y accompagner et donc partager les frais...dommage ! Alors en attendant le plaisir de retourner en Grèce je continuerai à suivre vos périples avec beaucoup d'intérêt.
    Gros bisous à vous deux et une caresse à Rubens

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  10. tes photos sont splendides et ton reportage richement documenté ce qui fait que c'est très instructif en plus de superbe
    quel endroit charmant, avec le soleil ça doit être vraiment paradisiaque
    je n'ai jamais mangé d'anguille et ça ne me tente pas mais par contre j'aime beaucoup les cuisses de grenouilles...LOL
    gros bisous
    patricia

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  11. C'est une balade culturelle qui m'aurait plu aussi. C'est instructif et j'aime bien ça ! ; )
    Bonne soirée, bises ; )
    @nnie54

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  12. C'est un plaisir de te suivre , j'adore tes photos et merci pour les explications, c'est toujours très intéressant.
    La Grèce est vraiment un très beau pays.
    Très belle journée, bises

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  13. Je me suis régalée de tes images et de ton historique des lieux.
    C'est un peu comme si je t'avais accompagnée.
    Merci Marie-Paule !
    Bonne fin de semaine

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  14. excuses moi chere Marie Paule j'étais absent, je rentre d'un excellent sejour au Portugal avec mes enfants, je suis emballé par ton reportage sur l'ile de Ioannina, une merveille, de superbes photos, les maisons, les fleurs, le lac, les oiseaux , les monastéres , ça ne rigolait pas du temps d'Ali Pacha !! compliments chere amie, pour ce bel article, bonne semaine, bisous

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  15. Imagens maravilhosas.
    Adorei conhecer.
    janicce.

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  16. Tu es une bonne conteuse, c'est passionnant! Ce ne sont pas les photos ensoleillées habituelles, mais cette île a vraiment du charme, un côté nature apaisant.
    Bisous
    Odile

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